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Berne (BE)

La ville de Berne, actuelle capitale de la Suisse, a une histoire multi-millénaire. Si la vieille ville, fondée par les Zaeringhen en 1191, est célèbre, le fait que ses origines remontent au moins à l'époque celtique est moins connu. Au nord-ouest de la ville médiévale, un oppidum était installé dans une boucle de l'Aar entre le IIIème et le Ier siècle avant notre ère. Un vicus romain s'est ensuite développé à l'emplacement de l'oppidum jusqu'au IIIème siècle de notre ère. L'histoire de la ville est ensuite mal connue entre l'abandon de l'agglomération romaine et la fondation de la ville médiévale au XIIème siècle.
carte

Canton: Berne

Coordonnées nationales: 600'655, 199'646

Fichier Google Earth: Berne-fr.kmz

Nom ancien: Brenodurum

Documentation

Bibliographie

Liens

Autres sites visibles dans la région

  • Meikirch (BE): villa romaine, église médiévale
  • Rüggisberg (BE): prieuré clunisien

La presqu'île d'Enge

La presqu'île d'Enge, aujourd'hui partiellement recouverte de forêts, a été le siège d'un important oppidum celtique à partir du IIIème siècle avant notre ère. L'agglomération romaine qui a suivi était de taille modeste et avait quelques monuments publics.

Les vestiges antiques visibles ont été intégrés dans un circuit archéologique. Ce dernier commence à la maison de paroisse Saint-Matthieu à Tiefnau, où se trouvent une exposition permanente et la mise à disposition d'une brochure (en français, allemand et anglais) à propos du circuit archéologique.

Coordonnées nationales: 600'938, 202'675 (Maison de paroisse)

L'oppidum celtique

Les pentes de la presqu'île, surplombant l'Aar de plusieurs mètres, ainsi que la rivière même, formaient une défense naturelle renforcée par un rempart, de type Murus gallicus, à plusieurs endroits. La surface totale protégée, d'une superficie de 140 ha, n'était que partiellement occupée par les habitations. Au milieu du Ier siècle avant notre ère, la surface occupée par l'oppidum est fortement réduite et un nouveau rempart est construit à plusieurs places, dont le tronçon fouillé à côté de la maison de paroisse. A part les remparts et des habitations, un dépôt cultuel et des nécropoles sont connues grâce aux fouilles effectuées principalement au XXème siècle.

Actuellement, les seuls vestiges visibles de l'oppidum sont quelques tronçons de rempart sous forme de levers de terre. A plusieurs points, le rempart s'est effondré suite à l'érosion du terrain par l'Aar.

Coordonnées nationales:

Le vicus romain

Alors que l'oppidum semble avoir eu un un rôle économique et politique important en raison de sa superficie, l'agglomération romaine était modeste par rapport la capitale de l'Helvétie romaine, Aventicum (Avenches, VD). A part les habitations, les fouilles ont permis de retrouver un sanctuaire comptant trois fana (temples gallo-romains), un petit établissement thermal public, un édifice de spectacles, plusieurs nécropoles.

L'édifice de spectacles, découvert en 1763 et fouillé en 1956, comporte une arène ovale avec des axes de 26 x 28 mètres, deux murs semblant indiquer une entrée à l'une des extrémités, et une niche à l'autre extrémité. Les gradins étaient très probablement en bois. Longtemps considéré comme amphithéâtre (ce qui en ferait l'un des plus petits du monde romain), le bâtiment aurait plutôt été un théâtre de type gallo-romain (selon une hypothèse récente), dont les murs situés en face de la niche serviraient à soutenir un bâtiment de scène en bois. La proximité de cet édifice avec le sanctuaire n'est pas anodine, et il aurait servi aussi bien à des spectacles publics divers (pièces de théâtre, combats d'animaux sauvages) qu'à des manifestations cultuels.

Au nord de l'amphithéâtre, dans la forêt, un petit établissement de thermes publics est visible sous un abri moderne. Le bâtiment, découvert en 1847 et entièrement fouillé entre 1937 et 1938, a des dimensions de 20 x 12 mètres. L'établissement avait un vestiaire (apodyterium), une pièce froide (frigidarium) avec bassin, une pièce tiède (tepidarium) et une pièce chaude (caldarium). Le système de chauffage par le sol (hypocauste) est assez bien conservé.

Coordonnées nationales:

La ville médiévale

Inscrite en 1983 sur la liste du patrimoine mondial de l'unesco, la vieille ville de berne remonte à la fin du XIIème siècle. La limite ouest de la ville primitive était la Zytlogge (tour de l'Horloge), la première tour-porte. Vers 1255, une première extension de la ville se fait entre la Zytlogge et la Käfigturm (tour des Prisons). Vers 1270, une deuxième extension se fait à l'est, en démolissant le château de Nydegg, construit lors de la fondation de la ville. La troisième extension se fait à partir de 1344, entre la tour des Prisons et la gare centrale actuelle. Un système de défense bastionné est construit à l'ouest entre 1621 et 1641 pour remplacer les vieilles fortifications médiévales. Ces dernières sont progressivement démolies au XIXème siècle.

Les remparts médiévaux

Si les portes de l'Horloge et de la Prison sont parvenues jusqu'à nous, il n'en est pas de même pour la porte Saint-Christophe. Cette tour-porte, construite au XIVème siècle, faisait partie des fortifications protégeant la troisième extension de la ville. Haute à l'origine de 15 mètres, elle est agrandie entre 1467 et 1470 pour atteindre 55 mètres de hauteur. Un pont à arches précédait la porte côté campagne pour franchir le fossé. En 1496, une niche est aménagée du côté ville pour abriter une statue géante en bois (haute de dix mètres) de Saint-Christophe. A la Réforme, la statue est modifiée pour devenir celle d'un gardien.

Au XIXème siècle, après la démolition des fortifications, la porte représente une entrave au progrès pour beaucoup. Après de vives discussions, la porte est également démolie en 1865 ; la vénérable statue est débitée, et ses morceaux sont donnés aux pauvres comme bois de chauffage, à l'exception de la tête et des mains qui sont confiées au musée historique de la ville.

Entre 1971 et 1975, lors des travaux de la place de la Gare, les vestiges des fortifications sont retrouvés et placés sous protection officielle. Ces vestiges sont ensuite restaurés puis mis en valeur dans le passage souterrain sous la place de la Gare et dans quelques commerces ouverts sur ce passage. On peut actuellement y voir quelques fondations de la porte Saint-Christophe, les piles du pont qui précédait la porte, ainsi que les vestiges de deux tours et du mur d'escarpe des fortifications de la troisième extension.

Coordonnées nationales: 600'089, 199'765 (gare centrale)

Le puits Lenbrunnen

En 1992, lors de travaux effectués dans la chancellerie d’état, un puits surmonté d'une tour est découvert, partiellement dissimulé dans des structures plus récentes. Ce puits, le Lenbrunnen, servait à puiser l'eau de la nappe phréatique depuis le XIIIème siècle et il constitue aujourd'hui le monument conservé le plus ancien de la ville médiévale. Daté de 1252, d'après l'inscription sur un linteau, il a été utilisé jusqu'au XVIIème siècle avant de tomber dans l'oubli.

Après sa découverte, le puits a été restauré et il est possible de le visiter sur rendez-vous auprès de la chancellerie d’état. Plusieurs panneaux d'information et une maquette du monument dans son état d'origine sont visibles sur place.

Coordonnées nationales: 601'086, 199'744

Le musée d'histoire de Berne

Installé à l'écart de la vieille ville, le musée d'histoire (Bernisches Historisches Museum) expose un grand nombre d'objets provenant non seulement de la ville, mais aussi du territoire du canton de Berne. On peut y voir notamment le résultat des fouilles de la presqu'île d'Enge (voir ci-dessus), des statuettes provenant du sanctuaire gallo-romain de Thoune-Allmendingen (BE), les restes de la statue géante de Saint-Christophe, ou encore les statues de la cathédrale de Berne.

Coordonnées nationales: 600'811, 199'112